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Interroger le monde

Le monde, ici, maintenant, à l’horizon de demain et ailleurs. Événements, faits, chiffres : essayer de les regarder pour voir, situer, peser, comprendre, imaginer.

PAUVRETÉ MASSIVE

Depuis 20 ans, la pauvreté en Belgique est de l’ordre de 20% et aucune politique ne semble modifier la situation.

27 Nov 2020

Le nouveau gouvernement fédéral belge, comme les autres avant lui, s’engage à lutter contre la pauvreté. Pour ce faire, il propose de définir un plan général et de confier une part importante de l’action aux Centres Publics d’Aide Sociale, acteurs communaux financés par des fonds fédéraux[i]

Ce programme laisse, c’est peu de le dire, très sceptique. 

Parce que :

  • Le niveau général de pauvreté est globalement stable depuis 20 ans ;
  • Depuis 2008, trois plans ont été définis, mis en place et évalués. Ces évaluations bégayent de rapport en rapport, indiquant en particulier un manque de précision dans les objectifs, indicateurs, mesures, coordinations, budgets…[ii] ;
  • Les CPAS font régulièrement l’objet de critiques des utilisateurs et des acteurs de terrain, notamment pour leurs manques de disponibilité et réactivité[iii].

Autrement dit, les responsables politiques s’engagent à refaire ce qui a été déjà fait et n’a pas fonctionné.

La pauvreté ne peut être réduite à des chiffres. 

Elle peut et doit être approchée comme une diversité de situations individuelles, qui sont le terreau d’autant d’expériences elles aussi individuelles. Si l’on n’a pas été confronté personnellement à la pauvreté, ces situations et expériences peuvent être approchées par les récits de vies et témoignages, notamment portés par des associations. 

Elle peut et doit aussi être observée et interrogée, notamment d’un point de vue moral, en tant que phénomène collectif. Par exemple, on peut se demander quel (non)choix collectif entraîne la coexistence entre, d’une part, cette constance du niveau de pauvreté et, d’autre part, une continuité de la croissance de nos production et productivité. De manière abrupte et provocante, on peut aussi s’interroger dans les termes de Zygmunt Bauman[iv] : les pauvres, consommateurs et producteurs faibles, font-ils partie des déchets de notre société largement marchande et matérialiste ? 

Toutefois, les chiffres permettent de donner une base objective à la réflexion. 

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MESURE ET ÉVOLUTION

La pauvreté est communément mesurée par un indicateur européen, suivi dans le cadre de la stratégie « Europe 2020 » : le taux AROPE. Celui-ci indique la part de la population totale confrontée au risque de pauvreté ou l’exclusion sociale. Il est de l’ordre de 20%.

Il s’agit d’un indicateur composite regroupant l’ensemble de la population touchée par au moins l’une de trois dimensions de la pauvreté, qui peuvent être observées séparément[v].

  • le risque de pauvreté monétaire
  • la situation de privation matérielle sévère 
  • la vie dans un ménage à très faible intensité de travail. 

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Ces trois dimensions de la pauvreté ont évolué différemment au cours des dernières années.

En Belgique, le risque ou taux de pauvreté correspond à la proportion de personnes dont le revenu est inférieur au seuil de pauvreté, c’est-à-dire à 60% du revenu médian de la population totale. Il est de l’ordre de 15%, et en croissance.

La privation matérielle sévère comprend l’ensemble des personnes qui vivent dans un ménage qui ne peut pas, pour des raisons financières, se permettre au moins quatre des neufs « biens et services » suivants : payer le loyer, l’emprunt hypothécaire et les factures courantes, chauffer correctement son logement, faire face à des dépenses inattendues, manger des protéines tous les deux jours, partir une semaine en vacances une fois par an, posséder une télévision, posséder un lave-linge, posséder une voiture et posséder un téléphone

La très faible intensité de travail correspond aux personnes vivant dans des ménages dont l’intensité de travail est inférieure à 0,2. Cette dernière est définie comme la proportion de mois travaillés au cours de l’année civile précédant l’enquête par membre du ménage âgé de 18 à 59 ans. 

Privation matérielle grave et très faible intensité en travail sont en diminution.

Compte tenu des tendances contradictoires de ses composantes, le taux AROPE évolue de manière globalement stable :

DIVERSITÉ

Si cette stabilité globale de la pauvreté masque des évolutions contrastées de certaines de ses composantes. Elle masque aussi des disparités régionales : AROPE est de l’ordre de 20% pour le pays, mais sous les 15% en Flandre depuis plusieurs années, autour de 25% pour la Wallonie et pas loin de 40% pour Bruxelles.

L’apparente stabilité masque sans doute encore des difficultés de plus en plus grandes pour beaucoup de personnes. Cela apparaît dans la demande croissante de certaines aides, comme les colis alimentaires et les tarifs sociaux pour l’énergie.

Utilisation des banques alimentaires

Tarifs sociaux

La prudence est nécessaire avec de tels chiffres. Ainsi, l’analyse de la Fondation Roi Baudouin sur la précarité énergétique indique que cette dernière est globalement stable depuis dix ans[vi]. Il est donc possible que l’augmentation de la demande soit la conséquence d’une meilleure utilisation de l’offre. En effet, il apparaît qu’un grand nombre des personnes qui ont droit à une aide sociale ne la sollicitent pas.

Par contre, il ne fait aucun doute que la pauvreté touche plus massivement certaines catégories de la population qui sont elles-mêmes en croissance. C’est en particulier le cas des familles monoparentales.

Les famille monoparentales

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LA COMPARAISON

Enfin, le constat fait ci-dessus pour la Belgique d’une stabilité dans le niveau de pauvreté vaut pour bon nombre d’autres pays européens. Entre 2010 et 2018, le taux Arope est ainsi passé de 22 à 21,6% pour la zone Euro.

Par comparaison, la Belgique comptait en 2019 plus de pauvres (19,5%) que ses grands voisins directs – France (17,9), Allemagne (17,4) et Pays-Bas (16,5), mais moins que le Luxembourg (20,6), l’Italie (27,3) ou le Royaume-Uni (23,1 en 2018).

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