SAGESSES DE GUERRE ?
Écrire à un ami Viallate, maître en chronique, disait que l’on n’écrit bien qu’en s’adressant à une personne en particulier. L’ami P. est mort, mais
Interroger le monde
Le monde, ici, maintenant, à l’horizon de demain et ailleurs. Événements, faits, chiffres : essayer de les regarder pour voir, situer, peser, comprendre, imaginer.
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Une politique du bien-être pourrait nous sortir d’une double impasse : celle de la prospérité, et celle du bonheur
La plupart des situations que nous vivons sont contradictoires et ambiguës : positives par certains aspects et négatives par d’autres, potentiellement porteuses de progrès comme de régrès. C’est en particulier vrai des situations collectives, puisque le champ politique est celui des intérêts divergents. Les crises que nous traversons le montrent une fois encore. L’épidémie de Covid et la guerre en Ukraine sont synonymes de douleur, mais engendrent de précieux élans humanistes.
Cette ambiguïté du présent rend difficile son évaluation. En fait, le présent ne peut être jugé que par le futur dont il va accoucher. Or, nous ne connaissons pas et ne pouvons pas connaître l’avenir. Chaque jour pourtant nous jugeons, par une simple humeur ou par une décision qui nous engagera des années.
Citoyens, nous jugeons lors des élections. Nous renouvelons alors notre confiance ou sanctionnons nos représentants. Et notre jugement est fort approximatif. Individuellement, collectivement, nous sommes souvent dans le flou.
La notion de bien-être pourrait contribuer à clarifier nos débats. Elle pourrait même devenir une boussole. Car s’il nous sera toujours impossible de savoir ce qui va arriver sur un chemin, nous pouvons nous assurer que nous allons dans la bonne direction et progressons.
Le bien-être peut être défini comme la qualité d’une situation caractérisée par des éléments objectifs et des perceptions subjectives. Il est lié aux besoins, plus qu’aux désirs. Il est aussi global, intégrant plusieurs dimensions, et dynamique, potentiellement fécond.
La notion de bien-être est ainsi distincte de celle de prospérité. Cette dernière est avant tout centrée sur la réalité objective et financière. Elle a été le mot d’ordre politique dominant de l’après-guerre. Depuis des années, nous constatons qu’une prospérité croissante peut aller de pair avec la destruction de la nature, l’affaiblissement des communautés et l’augmentation des souffrances individuelles.
Le bien-être diffère aussi du bonheur, qui lui est mesuré de manière subjective. La notion est dangereuse en politique. Ce n’est pas par hasard si les régimes révolutionnaires et totalitaires en sont friands. De plus, elle est largement inopérante. Car, comme l’ont constaté les travaux de Capéau et Maniquet, certains pauvres peuvent être plus heureux que certains riches. Ce fait mal compris pourrait amener une question absurde au regard de l’exigence de justice : puisque le bonheur frugal est possible, pourquoi ne pas simplement apprendre aux pauvres à se contenter de ce qu’ils ont ?
En Belgique, la notion de bien-être est encore largement absente du débat public et de nos déclarations gouvernementales. Or, elle présente de nombreux avantages.
Le premier, c’est d’être solide sur un plan conceptuel. Aux premières recherches théoriques des années ’80 et ’90 ont succédé des études plus détaillées. Celles-ci ont par exemple permis de produire des schémas, tel Framework OCDE, articulant les besoins pour un bien-être aujourd’hui avec les ressources nécessaires pour un bien-être futur. Elles ont aussi permis de préciser une diversité d’indicateurs de mesure, comme dans le tableau de bord du Conseil Nordique, les Objectifs de Développement Durable de l’ONU (ODD) ou la batterie d’indicateurs complémentaires au PNB du Bureau du Plan.
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En Belgique, la notion de bien-être est encore largement absente du débat public et de nos déclarations gouvernementales. Or, elle présente de nombreux avantages.
Le deuxième, c’est d’avoir déjà été expérimentée, sur base de ces critères et parfois suivant un cycle politique complet : mise à l’agenda, formulation, mise en œuvre, suivi et évaluation. Le Well Being Budget de Nouvelle-Zélande, les cas recensés au Royaume-Uni par le What Works Centre for Wellbeing, les avancées au Canada, aux Pays-Bas, en Écosse ou en Allemagne montrent que cette approche tire vers le haut. Débattre d’objectifs et d’indicateurs de bien-être est plus exigeant qu’échanger des envolées rhétoriques sur la liberté et la solidarité.
Le troisième intérêt de la notion est sa capacité à rassembler. Avec ces indicateurs objectifs et de perception, collectifs et individuels, elle peut contribuer à faciliter l’action commune. Il peut s’agir d’une action partagée par des camps politiques opposés, comme par des acteurs publics et privés. Les ODD, notamment, peuvent être utilisés aussi bien par des administrations que par des ONG ou des multinationales.
On peut craindre que la prochaine campagne électorale de 2024 ne soit difficile. La tendance à la polarisation à l’œuvre depuis longtemps va sans doute être alimentée par les résultats pour le moins mitigés des gouvernements en place, la fatigue, l’inquiétude et l’agacement de la population.
Mettre le bien-être en débat pourrait contribuer à des échanges qui soient à la hauteur de nos urgences et défis. Cela pourrait ouvrir un horizon et nous inscrire dans un récit collectif positif. Moyennant rigueur, ténacité et sagesse, le bien-être peut se construire. Avec d’autres, le think tank Itinera y travaillera.
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