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Interroger le monde Le monde, ici, maintenant, à l’horizon de demain et ailleurs. Événements, faits, chiffres : essayer de les regarder pour voir, situer, peser,
Explorer une voie
Par où passer pour vivre avec sagesse ? Cherchons dans les mots, ceux qui définissent des notions, qui racontent des histoires, ceux d’occident et d’orient.
Comment faire mieux collectivement ? La question se pose avec urgence au vu de la destruction massive de notre planète, des 860 millions de personnes enfermées dans l’extrême pauvreté vivant avec moins de 1,9$ par jour, du niveau de tensions sociopolitiques et de la crise de la démocratie partout dans le monde. Nous n’avons jamais eu autant de connaissances et de moyens techniques, mais nous les utilisons mal.
L’action politique est nécessairement ambiguë : elle apparaît positive ou négative selon ses conséquences. Car le réel – ce qui peut être vu et entendu par tous – et l’imaginaire – nos idées et images pour nommer et habiller ce réel de sens– sont des processus. Les êtres et les situations sont pris dans un mouvement permanent. Les gestes posés, ici et maintenant, vont féconder des lendemains dont le visage nous échappe pour partie.
Une manière d’explorer cette question d’une meilleure action est de nous tourner vers des hommes politiques qui, en leur temps, ont affronté avec sagesse les défis auxquels ils étaient confrontés. Comment ? Et de quelle sagesse s’agit-il ? Existerait-il une sagesse commune à l’humanité, quels que soient les siècles et les cultures ?
Cette dernière question fit l’objet de ma thèse de doctorat, effectuée sous la direction du Pr Bernard Stevens (UCLouvain, défense en 2019). Le présent post reprend l’essentiel de sa conclusion. Le texte complet est accessible en ligne.
Marc Aurèle (121-180) a été empereur romain, Montaigne (1533-1592) Maire de Bordeaux et intercesseur entre factions des guerres de religion, Gandhi (1869-1948) père de l’indépendance indienne, Tenzin Gyatso (le XIVe Dalaï-Lama, né en 1935) chef du Gouvernement tibétain en exil. Quant à Confucius, lettré chinois du VIe siècle avant notre ère, il fut sans doute ministre.
Ces cinq personnages historiques ont exercé le pouvoir à des échelles diverses. Tous sont aussi largement reconnus comme sages, ainsi qu’en témoignent les recherches qui leur sont consacrées et leur notoriété populaire. Enfin, ils nous ont laissé une trace de leur cheminement dans des textes. L’écriture, qu’elle soit rare ou abondante, a toujours chez eux une dimension intime et ascétique. En effet, l’exercice de l’écriture contribue à la clarification de leur voie, personnelle ou collective. Leurs œuvres fournissent ainsi une formidable matière première pour la réflexion, tant sur notre existence que sur la politique.
La principale difficulté de leur comparaison est celle des critères. Car comment comparer des univers culturels distincts ? Par exemple, comparer la Chine et l’Europe en utilisant les notions d’individu ou de droit serait absurde, puisque ces notions européennes n’existent pas en Chine (au sens où nous l’entendons).
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Elle dépasse aussi la faiblesse pratique de la coopération qui nécessite une volonté d’unité ; pour l’harmonie, un accord sur le désaccord suffit à construire des espaces de régulation.
Il faut donc construire une grille de comparaison située en amont, au niveau sur lequel se pose l’empreinte culturelle, c’est-à-dire le niveau anthropologique. Puisqu’il existe bien une unité et une communauté de l’humain, à commencer par une communauté dans notre capacité de parole, de pensée et d’échange.
Prenant appui sur les travaux d’Edgar Morin, on peut choisir plusieurs polarités et lire nos auteurs sur ces sujets : changement/conservation, conflit/coopération, justice/amour… etc. À chaque fois, une même question est posée : comment chacun se situe-t-il sur l’axe entre ces notions ?
Au terme de l’analyse, il apparaît que les cinq sages se retrouvent très largement. Au point qu’il est possible de dégager une matrice de leurs points communs.
Tous se retrouvent sur le cadre dans lequel ils pensent, sur les caps à suivre et les voies par lesquelles passer.
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On le voit, chacun de ces éléments n’a rien de révolutionnaire. Mais, pour autant, tous ne vont pas de soi. Par exemple, le paradigme aujourd’hui dominant pour penser les relations politiques est sans doute la distinction de Carl Schmitt entre ami et ennemi. La notion d’harmonie dépasse cet antagonisme. Elle dépasse aussi la faiblesse pratique de la coopération qui nécessite une volonté d’unité ; pour l’harmonie, un accord sur le désaccord suffit à construire des espaces de régulation.
Et, d’autre part, la cohérence de l’ensemble des éléments est moins simpliste qu’il n’y paraît peut-être. Ainsi, le souci de maitrise va souvent de pair avec celui de clarté, alors qu’ici l’ambiguïté est fondamentale et porteuse d’ouverture. Ou encore, il y a affirmation de l’égalité et de la capacité de progression personnelle, mais aussi une reconnaissance de la vulnérabilité qui appelle une attention solidaire.
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Ainsi, des hommes politiques de lieux et temps divers ont pensé et vécu selon des visions et valeurs communes. Cela pose deux questions.
Pourquoi ? Une hypothèse pourrait être que, si les terrains de leurs expériences sont différents, finalement ils sont confrontés aux mêmes types de problèmes et y répondent dans un même flux de conscience. Tels des ruisseaux qui trouvent toujours une pente pour aller à la mer, ils se réunissent dans un seul fleuve, une seule sagesse.
Et, surtout, que faire de cela ? Nous pouvons, devons je crois, nous en inspirer. Car on perçoit intuitivement à quel point cette grille raisonne avec les questions cruciales de notre temps. En particulier, la rencontre est centrale dans cette matrice ; or, nos sociétés s’assèchent dans la brutalité et l’isolement. La maitrise, pour sa part, est une clé de voûte sans laquelle l’édifice ne tient pas ; or, nous connaissons la démesure des fortunes, des rumeurs sociales et des exploitations… L’attention au petit est cruciale, quand c’est chez nous bien plus un argument de vente qu’un fil à plomb.
Nous pouvons donc nous en inspirer dans le contenu de nos politiques. Mais aussi dans la méthode. Car cette grille est à la fois générale et précise, échappant à l’abstraction de la doctrine comme à la précision étouffante du programme. Stricte et porteuse de perspectives, elle permet un débat qui pourrait cadrer les débats parlementaires ou gouvernementaux : des échanges où l’on s’oblige à bouleverser sa position en fonction de celle de l’autre, à la refigurer, et pas seulement à la raboter.
Nous pouvons aussi nous en inspirer dans nos existences individuelles. La sagesse, ainsi esquissée, apparaît comme un espace de je(u) : un lieu où nous pouvons jouer, entrer dans le jeu du vivant, des conflits, des amitiés et des amours, de soi-même.
Jouer, comme des musiciens de jazz qui improvisent. Pas besoin de tout savoir, de tout connaître par avance. Il suffit d’avoir les quelques repères d’une grille harmonique, une mélodie connue de tous, puis de nous accorder sur un rythme, nous écouter, et oser nous engager dans le flux des silences et des notes chatoyantes.
De la même manière, nous pouvons faire le pari que cette grille de sagesse est pertinente pour la musique de nos existences.
Alors lançons-nous : 1, 2, 3, c’est parti…
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Encore !
Et si j’ai un désir torride, fulgurant et irrépressible d’être tenu au courant des nouvelles publications ?
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